La situation météo est préoccupante sur notre département depuis plusieurs semaines. Le niveau des rivières s’en ressent fortement, la température de nos cours d’eau peut s’élever dangereusement.
Les AAPPMA et les équipes de la Fédération de Pêche du Gard ont réalisé des pêches de sauvetage depuis le début de l’été. Il appartient également aux pêcheurs d’adapter leur comportement au bord de l’eau en cette période délicate pour nos écosystèmes aquatiques. Le Comité de suivi sécheresse s’est par ailleurs déjà réuni à plusieurs reprises cet été. Le point sur la situation en ce début du mois de septembre.
Des conditions météo sévères
Cette année 2019 est malheureusement exceptionnelle d’un point de vue météorologique, le Gard a de plus subi en juillet un épisode caniculaire. Les écarts à la normale des températures observées depuis juin 2019 sont de +3 ou +4°C en plusieurs endroits du département. Le niveau de précipitations est aussi anormalement bas depuis plusieurs mois. A titre d’exemple sur le Mont Aigoual, le niveau de précipitation annuel moyen sur les années 1981-2010 est de 1800 mm. Or il n’est tombé que 680 mm entre juillet et août. Sur Nîmes, la moyenne sur la même période se situe entre 700 et 800 mm par an. Mais les précipitations cumulées depuis janvier 2019 sont en dessous de 170 mm. Ce déficit est constaté sur l’ensemble du département.
La Fédération de pêche du Gard a déployé un système de sondes sur le réseau hydrographique du département depuis 2010. L’objectif est de pouvoir suivre l’évolution des températures de l’eau de nos rivières, mais aussi d’évaluer les conséquences biologiques potentielles sur 2 espèces repères (la truite fario et le brochet).
Des impacts importants sur la vie de nos rivières
Des mesures effectuées cet été montrent, comme c’était à craindre, que certaines eaux gardoises sont fortement impactées par ces conditions météorologiques particulières. C’est le cas sur le Vidourle à Sommières : depuis fin juin 2019, l’eau a une température plus élevée que l’optimum biologique du brochet (situé à 24°C), et cette espèce ne peut pas effectuer son cycle biologique correctement. Sur le Gardon à Saint-André-de-Valborgne, le suivi montre que les fortes températures de l’eau sont plus étendues dans le temps en 2019 (à titre d’exemple en 2018, cela ne représentait qu’un pic localisé sur une semaine). La limite létale n’est toutefois pas atteinte pour la truite fario (espèce repère sur cette station), mais selon le préférendum thermique de cette espèce, la limite supérieure est atteinte depuis le 22 juin (soit 16 jours plus tôt qu’en 2018).
On constate également cet été de fortes proliférations algales sur de nombreux secteurs du département, conséquences de la baisse de débits et de la hausse des températures des cours d’eau. Une des conséquences de ce phénomène est que l’oxygénation de l’eau diminue, lorsque les végétaux utilisent l’oxygène dissous en phase de décomposition. Une eutrophisation de certaines portions de rivières qui peut influer sur la diversité piscicole, si les poissons ne parviennent pas à trouver de zones refuges adéquates.
Le comité de suivi de la sécheresse
Munis de l’ensemble de ces éléments, et fortement préoccupés par cette situation et l’état de nos cours d’eau, la Fédération de pêche du Gard a participé cet été aux différentes réunions du comité de suivi de la sécheresse. Ce comité s’est réuni le 20 août 2019 pour la dernière fois, en présence des services de la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) et de l’AFB (Agence Française de Biodiversité). L’objectif de ces échanges est de faire le point sur la situation hydrologique du département. La Fédération de pêche du Gard y a participé, afin que la protection de nos cours d’eau soit prise en compte le plus efficacement possible, et pour que la voix des pêcheurs soit entendue.
Le bassin versant de l’Hérault, les secteurs Vistre – Vistrenque et Gardon amont sont classés en alerte de niveau 1. Ce classement implique des restrictions d’arrosage pour l’irrigation agricole et les jardins potagers, interdit par exemple le remplissage des piscines privées et le lavage des voitures. Le bassin versant Cèze amont, le Gardon aval et la zone Ardèche (communes gardoises) sont en alerte de niveau 2, avec des interdictions supplémentaires à respecter. En particulier concernant l’arrosage des espaces sportifs, des pelouses et espaces verts privés et publics. Les restrictions d’horaires d’arrosage sont également plus importantes pour l’irrigation agricole et l’arrosage des jardins potagers. Les bassins versants du Vidourle et de la Cèze aval sont désormais placés en crise, 97 communes sont concernées. Selon cette « classification de crise », seuls l’abreuvement des animaux et les usages prioritaires de l’eau (alimentation en eau potable, exigences liées à la santé, à la salubrité publique et à la sécurité civile) sont autorisés.
Pour prendre connaissance de l’ensemble des mesures prises par les services de l’Etat dans le cadre de ces comités, ne pas hésiter à consulter le site de la Préfecture du Gard.
La Fédération mobilisée sur des pêche de sauvetage
Les débits parfois alarmants de certains cours d’eau ont déjà amené les services techniques à effectuer des pêches de sauvetages sur différents secteurs. Ces interventions sont effectuées lorsque les AAPPMA sollicitent la Fédération pour indiquer des situations préoccupantes. A ce jour, la Fédération est déjà intervenue à plusieurs reprises sur les secteurs de l’AAPPMA d’Uzès (sur le Bourdic et les Seynes), ainsi que sur la Cèze à Bresis (AAPPMA Bessèges). Les pêches sur le Bourdic réalisée le 17 et le 15 août ont par exemple permis de sauver des tanches, une douzaine de brochetons de l’année, une douzaine de brochets plus âgés, ainsi qu’une bonne quantité de gardons, rotengles et chevesnes.
En cette période de sécheresse, il est par ailleurs important de prendre soin de ses prises et de pouvoir compter sur la vigilance des pêcheurs pour faire remonter auprès de leur AAPPMA des informations sur les portions de rivières qui sont problématiques.