Vers un été dramatiquement sec

La situation météo est très préoccupante sur le département du Gard depuis plusieurs semaines. Les niveaux d’eaux sur certains secteurs sont presque ceux observés fin août. Le soleil, les températures élevées, le fort vent, conjugués à l’absence de pluies, annoncent une probable catastrophe écologique dans les semaines qui arrivent. Les mots sont forts, mais s’il ne pleut pas, nous allons enregistrer une des pires sécheresses jamais connue cet été.

Qu’en est il de la vie dans nos rivières? Plusieurs éléments sont à prendre en considération.

Le premier est la température de l’eau, qui, en augmentation constante, va avoir une incidence directe sur la croissance et la vie des insectes et des poissons. La teneur en oxygène dissous, le dioxygène, est un paramètre important qui gouverne la majorité des processus biologiques des écosystèmes aquatiques. L’oxygène se dissout plus facilement dans l’eau plus froide que dans l’eau plus chaude. C’est donc la température qui va être l’élément le plus important pour que les poissons puissent respirer durant leur phase de digestion. De plus, avec l’augmentation de la température, les poissons vont avoir un métabolisme plus dynamique qui stimule leur croissance et donc vont avoir des besoins plus importants en oxygène. Malheureusement le dioxygène présent va chuter au moment où les poissons vont en avoir le plus besoin. Pour exemple, la truite va cesser de s’alimenter lorsque l’eau va passer au-dessus des 20°C, alors qu’en période estivale elle devrait faire le plein de nourriture pour la fabrication des gonades en vue de sa reproduction. Des températures sur la Dourbie au-delà des 24 °C avaient déjà été observées en 2017 sur le mont Aigoual…

Le second élément va être le niveau d’eau. Certaines espèces de poissons peuvent supporter de fortes variations de températures, et c’est le cas de beaucoup de poissons de seconde catégorie, qui ont des besoins en oxygène faibles. Mais lorsque l’eau disparait elles ne vont pas pouvoir se mettre en léthargie et attendre le retour de la rivière… C’est la mort assurée pour des écosystèmes complexes; sans eau, il n’y a plus de vie…

Photo du Gardon au Pont saint Nicolas le 31 mai 2022

Quels gestes à adopter en période de sécheresse?

En l’absence d’une politique globale, sur la préservation de nos rivières et nos ressources en eau, nous avons un rôle éco-citoyens à jouer chaque jour par notre consommation. Chacun peut à son niveau réaliser des économies d’eau. Les gestes sont simples, comme faire la chasse aux fuites d’eau, privilégier les douches aux bains, mettre en place une chasse d’eau économique, arroser uniquement le soir, collecter l’eau de pluie à la descente des gouttières…  La ressource en eau est un des enjeux qui se jouera dans la décennie qui arrive, d’autant plus dans le sud…

Photo d’illustration: La Cèze au pont de Tharaux

Quelles actions la Fédération et les AAPPMA peuvent elles mener durant cette sécheresse? Il y en a plusieurs.

Tout d’abord la Fédération siège aux réunions  « cellule sécheresse » organisées par les services de la Préfecture. A chaque rencontre les intérêts de nos milieux sont défendus pour que les captages, les prélèvements et les pratiques soient encadrés et limités. Ce travail est porté par le Président de la Fédération en collaboration avec les élus du Conseil d’Administration et le service technique. Puis vient la partie pratique, avec les sauvetages qui vont malheureusement démarrer bien plus tôt que prévu cette année. Les agents vont donc réaliser tout au long de la saison estivale des pêches électriques de sauvetage jusqu’au retour de pluies. Généralement les sauvetages débutent fin juillet début août, mais au vu des conditions actuelles, elles pourraient avoir un mois d’avance. Certains lieux sont connus pour sécher chaque année, comme le Gardon, à Sainte Anastasie, les Seynes, le Bourdic dans l’Uzegeois, le Coudoulous vers Aulas… Les AAPPMA jouent donc également un rôle important dans ces pêches de sauvetage. Leurs bénévoles, sont, tout au long de la période estivale, au bord de l’eau afin de surveiller l’évolution de la situation et faire remonter au plus vite les informations à la Fédération pour engager dans les meilleurs délais ces pêches de sauvetages. Les pêcheurs peuvent également jouer ce rôle de  sentinelle.  Même si nous connaissons ces phénomènes de sècheresse estivaux, ce qui peut être dramatique c’est qu’ils s’inscrivent dans la durée jusqu’à la fin de l’été et qu’ils touchent des zones jusqu’alors épargnées par les assecs. L’été va être long, nous espérons que les conditions ne seront pas catastrophiques, mais la tendance n’est malheureusement pas à l’optimisme…  Si les conditions devaient se confirmer, la Fédération pourrait alors prendre des mesures restrictives pour la pratique de notre passion afin de protéger et sauvegarder nos milieux aquatiques.

Photo d’illustration: sécheresse au barrage de la Rouvière en 2018.