Le Vistre est une rivière qui a subi d’importants recalibrages durant la seconde guerre mondiale avec un lit canalisé aux berges raides et trapézoïdales. Le lit de la rivière a également été déplacé et surélevé par rapport à l’ancien lit mineur. Ce recalibrage avait pour objectif de drainer et assécher les marécages de la plaine du Vistre pour l’exploitation agricole. Aujourd’hui, le Vistre est une rivière fortement dégradée ayant totalement perdu sa dynamique et morphologie naturelle, alimentée en eau toute l’année par les stations d’épuration.
Le Vistre prend sa source au nord-est de Nîmes (sur la commune de Bezouce) puis rejoint le canal du Rhône à Sète en Camargue gardoise, après un parcours d’une petite cinquantaine de kilomètres. Le cours d’eau a subi le développement d’une importante urbanisation, avec de nombreux aménagements qui rendent impossible un retour à l’état initial. Il s’agit donc d’une « revitalisation », et non d’une véritable « restauration » du cours d’eau.
La dynamique des crues a aussi été bouleversée par ces nombreuses rectifications et l’artificialisation du cours d’eau. Lors de ces violentes crues, la rivière peut retrouver son lit majeur qui s’étend de Caissargues à l’entrée de Nîmes sur un secteur urbanisé.
Un changement de philosophie dans la gestion de ce cours d’eau s’opère depuis près de 20 ans, aujourd’hui la volonté est d’aider la rivière à retrouver une morphologie plus proche de son état naturel. Des travaux portés par l’Établissement Public Territorial de Bassin (EPTB) du Vistre vont dans ce sens, et la Fédération de pêche du Gard contribue à cet effort, en établissant des suivis sur les populations de poissons présentes.
Des travaux pour revitaliser le Vistre
Différentes opérations de revitalisation ont déjà été réalisées sur le Vistre. Par exemple dès 2004 à la Bastide (Nîmes), avec un reméandrement du lit canalisé, un adoucissement de la pente des berges, conjuguées à une intense végétalisation pour restaurer les ripisylves. Il s’agit de redonner à cette rivière un écosystème et une dynamique plus naturelle, ainsi que des zones d’expansions plus larges afin de ralentir la vitesse d’écoulement et la violence des crues.
Le même type de travaux a été réalisé en 2014 à la station d’épuration de Bouillargues, en prenant en compte l’ancien tracé des méandres de la rivière, notamment en étudiant des anciennes cartes Napoléoniennes. Le Castor d’Europe s’est par la suite installé sur cette zone, contribuant à créer un écosystème unique dans le Gard et très intéressant d’un point de vue écologique.
Puis en 2016, c’est à Milhaud que des efforts ont été entrepris pour créer un nouveau lit méandriforme et adoucir la pente des berges. Une pêche électrique a été effectuée sur le Vistre à Milhaud par les services techniques de la Fédération en 2019. 18 espèces ont pu être inventoriées, avec par exemple de grandes diversités de tailles pour l’anguille et le barbeau fluviatile, de belles densités d’ablettes, de goujons et de chevaines. La comparaison avec des pêches réalisées en 2010, 2012 et 2013 montrent que les opérations de restauration effectuées sur le Vistre en 2016 semblent avoir été bénéfiques pour les populations de poissons.
La prochaine phase de travaux va concerner le Vistre à Caissargues. Ici aussi, l’objectif sera de tracer un nouveau lit méandriforme aux pentes de berges douces (peu végétalisées), avec des faciès d’écoulement plus variés, pour que la rivière puisse rectifier le tracé des berges et méandres au gré des crues.
La volonté de l’EPTB du Vistre est de créer une continuité écologique sur un linéaire total de 15 km, en reconnectant les zones déjà revitalisées de la STEP de Bouillargues et de Milhaud.
Le rôle de la Fédération
La Fédération de pêche du Gard va réaliser des suivis post travaux sur le secteur de Milhaud, par le biais de pêches électriques et de suivis thermiques sur 3 ans. Un suivi initial avant travaux sera également effectué sur le secteur du Vistre à Caissargues, des suivis après travaux sur 3 ans sont aussi prévus sur ce site.
Ces suivis permettent de « diagnostiquer » la rivière, en évaluant les populations piscicoles en place (espèces, densité, biomasse, classe de taille), en étudiant les variations de débit, de pente, de profondeur, etc. L’intérêt à terme est de pouvoir évaluer l’efficacité de ces travaux sur la rivière et sa biodiversité.
Le Vistre reste une rivière à intérêt modéré pour la pêche sur une majeure partie de son linéaire. Pour autant, on note par exemple sur la partie aval la présence de jolis sandres. Et ces travaux de revitalisation du cours d’eau pourraient permettre de « redonner vie » à la rivière plus en amont. Des poissons d’intérêt pour les pêcheurs pourraient ainsi être présents en meilleure densité sur ces secteurs, en particulier barbeaux, goujons, rotengles, ablettes et chevesnes.
Rappelons toutefois qu’il est interdit de consommer les poissons capturés sur le Vistre.
Pour plus d’informations sur ces projets, vous pouvez consulter le site revitalisation du Vistre.