Projet de restauration par pose de blocs rocheux sur le bassin versant du Gardon de Saint -Jean

Les services techniques de la Fédération travaillent pour développer le potentiel halieutique de certains cours d’eau du département. En particulier sur le bassin versant du Gardon, où un projet est en cours de réflexion, afin de restaurer les habitats par la mise en place de blocs rocheux.

 

Objectifs de ces travaux

Plusieurs objectifs sont poursuivis dans le cadre de ce projet. Il s’agit notamment de diversifier les écoulements et les habitats, d’améliorer la richesse écologique et de contribuer au développement des peuplements piscicoles. Certains aménagements bien réalisés peuvent en effet permettre de fournir caches et abris à la population piscicole, tout en modifiant quelque peu le faciès d’écoulement du cours d’eau. Sans perturber l’équilibre en place sur ces écosystèmes aquatiques, la volonté est de contribuer à l’augmentation de la capacité d’accueil et du niveau d’eau sur certaines zones.

Ces travaux pourraient à terme contribuer à améliorer les conditions de pêche, si les populations de poissons se sont approprié les modifications apportées au cours d’eau. C’est par exemple le barbeau fluviatile qui pourrait être présent en meilleure densité sur ce début de parcours de seconde catégorie offrant des postes à courant propices à son épanouissement.

Sur ces secteurs du Gardon de Saint-Jean, les habitats ne sont en effet pour l’instant pas assez diversifiés et trop uniformes. La vitesse et la profondeur de l’eau, le nombre de caches et d’abris ne sont par endroits pas optimum pour le développement des différentes espèces de poissons.

 

Réflexions pour le choix du site

3 stations ont été étudiées au travers de 2 protocoles, entre Saint-André de Valborgne et Corbès :

  • Indice d’Attractivité Morphodynamique (IAM) : cet indice permet d’évaluer l’attractivité d’une station pour la faune piscicole en étudiant les 3 composants formant l’habitat des poissons : la diversité des substrats / supports, les hauteurs d’eau ainsi que les vitesses de courant ;
  • La pêche d’électrique d’inventaire à 1 passage (IPR : Indice Poisson Rivière, protocole scientifique permettant d’approcher la qualification de l’état des milieux aquatiques) est le deuxième protocole qui vient en complément de l’IAM, afin de faire un inventaire exhaustif de la faune piscicole présente sur la station.

La « méthode tronçon » est mise en œuvre en parallèle, qui consiste à découper un cours d’eau en tronçons homogènes, afin de d’étudier la qualité physique de la rivière en fonction des différents secteurs et parcours qu’elle propose. Il s’agit plus précisément de caractériser la capacité biogène des tronçons par la description de 4 composantes : l’hétérogénéité, l’attractivité, la stabilité et enfin la connectivité.

Suite à ces études, c’est la station située en aval du village de Saint-Jean du Gard qui a été retenue, à hauteur du moulin à huile. Les résultats de l’IAM démontrent en effet une attractivité très mauvaise pour la faune piscicole.

Résultats de l’IAM sur ce secteur de Saint-Jean du Gard © Fédération de pêche du Gard

En effet, avec un résultat de 2934 points sur une référence de 11541 points, la station de St-Jean du Gard offre seulement 25% de son potentiel d’attractivité pour l’ichtyofaune (partie de la faune rassemblant les poissons). De plus, la répartition des pôles d’attraction est inégale, puisqu’il n’y a presque qu’un seul pôle d’attraction dans la partie aval de la station formé par le recouvrement des 3 composantes suivantes : galets/graviers mélangés, une hauteur d’eau comprise entre 21 et 70 cm et enfin une vitesse inférieure à 10 cm/s.

Ces résultats sont corroborés avec ceux de la pêche d’électrique d’inventaire réalisée sur site le 24 juin. Cet IPR obtient un score de 14.49, plaçant la station comme « bonne ». Cependant, la limite faisant passer la station de « bonne » à « médiocre » est à 16. Seulement 9 espèces sur les 12 théoriques ont par ailleurs été échantillonnées, dont de l’anguille, de la loche franche, du goujon, du vairon, du blageon, du barbeau fluviatile, du spirlin, du chevesne. C’est donc surtout l’absence de truite fario, de hotu et de toxostome qui a été remarquée sur ce site. Si l’une des 9 espèces venait à disparaitre de la station, par exemple le barbeau fluviatile, la station passerait alors en classe « médiocre ».

 

Les prochaines étapes de la poursuite du projet

Le travail important à venir va consister à bien dimensionner les blocs, à réfléchir à leur lieu d’implantation et à leur positionnement précis. Pour résister à des crues, ces rochers seront assez imposants, leur poids approchera probablement la tonne. Ce qui nécessitera d’importants moyens matériels pour les manipuler, moyens qui représenteront une part importante dans le coût du projet.

En termes de financement, l’Agence de l’eau et la Fédération Nationale de Pêche en France participent à ce volet étude du projet. La Fédération de pêche du Gard va rapidement réfléchir au plan de financement du projet pour la phase travaux.

Avant les travaux, la Fédération devra déposer un dossier de déclaration auprès de la DDTM, ainsi qu’un dossier d’incidence, les travaux se situant sur une zone Natura 2000.

Ce type de travaux devant idéalement être réalisé en période d’étiage, il est envisagé que la concrétisation de ces études et réflexions aboutisse à l’été 2021. Une fois les blocs mis en place, il conviendra pendant plusieurs années d’établir un suivi robuste, notamment en réalisant des pêches d’inventaire et des suivis par IAM afin d’évaluer l’efficacité des travaux. La Fédération continuera de communiquer d’ici là sur ce dossier, au fur et à mesure de son évolution.