Novembre est en principe le mois de la traque des carnassiers. Malheureusement cette année les niveaux d’eau sont tellement bas que c’est encore bien compliqué de se mettre en réussite au brochet ou au sandre. Nous allons essayer de voir quelles sont les conséquences de cette sécheresse sur cette pêche et voir les lieux du département qui répondent le mieux en cette période de « disette » en espérant le retour de la pluie dans les jours à venir.
Tout d’abord les trois barrages écreteurs de crues de La Rouvière, des Cambous et du Sénéchas sont si bas, qu’ils sont fermés à la pêche jusqu’au retour des pluies. Ce phénomène exceptionnel est d’une rareté sans précédent.
Le manque d’eau va avoir plusieurs conséquences directes et indirectes sur la vie des carnassiers. Dans les cours d’eau petits et moyens, beaucoup de poissons vont se retrouver piégés sur de petites surfaces (flaques) et la densité va considérablement augmenter. Lorsque la densité augmente, la compétition alimentaire également, mettant en concurrence les poissons entre eux. Lorsque l’on augmente les densités dans un milieu, une des premières conséquences est l’apparition de pathologie. Plus les poissons sont concentrés plus les maladies sont présentes et facilement transmissibles, notamment chez les sujets les plus faibles. Une des conséquences de ce manque d’eau est également l’augmentation de la température. La quantité de dioxygène présente dans l’eau dépend en grande partie de la température. Plus l’eau est chaude, moins il y a d’oxygène disponible pour la digestion des poissons. Si les poissons et notamment les carnassiers ne peuvent pas s’alimenter convenablement en période automnale, c’est l’ensemble de leur cycle biologique qui va être perturbé. Avant l’arrivée de l’hiver, les carnassiers font des réserves à l’approche de leur reproduction. Si ces poissons continuent à rencontrer des problèmes d’alimentation on peut supposer, que la reproduction 2018 sera mauvaise.
Carnassiers pris au piège sur la Cèze
D’autres conséquences sont également perceptibles : la taille des poissons dépend en grande partie du volume d’eau dans lequel ils évoluent. Peu d’eau = pas ou peu de grossissement. Même si la qualité de l’eau s’est considérablement améliorée, les polluants chimiques et organiques sont encore bien présents dans nos cours d’eau. Lorsque les volumes sont faibles, voire très faibles, nous avons une concentration des polluants beaucoup plus importante qu’à la normale. Les poissons vont donc absorber ces polluants et les stocker dans leurs graisses.
La baisse des niveaux d’eau va également profiter aux espèces végétales invasives, comme la Renouée du Japon qui va gagner un peu plus dans le lit de la rivière, fermant un peu plus le biotope des espèces.
Si vous souhaitez pêcher, il reste encore de beaux coups de ligne à réaliser sur certaines portions de rivière.
Le Rhône et le petit Rhône ont des volumes qui nous permettent de taquiner le sandre et les glanes dans les fosses. Leurs parties basses sont saumâtres et les poissons d’eau douce ne s’y trouvent plus en ce moment. Évitez par exemple le secteur de Sylveréal ou vos vifs ne supporteront guère la salinité remontée de la mer. Sur le Vidourle, oubliez la traque du sandre et des brochets et concentrez-vous plutôt sur les Bass et les perches encore bien actifs en ce début novembre. Le Gardon en aval de Remoulins peut encore réserver de belles surprises, mais c’est à partir de Montfrin que vous pourrez tirer votre épingle du jeu. Privilégiez le « Power Fishing » qui vous permettra de balayer un maximum de postes et peut être de trouver quelques poissons actifs. Le bas de la Cèze est encore pêchable, mais ne tardez pas, on pourra bientôt traverser à pied, tellement les algues sont présentes…