L’Austropotamobius pallipes ou plus couramment appelée Ecrevisse à pieds blancs (ou Ecrevisse à pattes blanches) est un crustacé des eaux douces de surface permanentes. Cette espèce endémique des cours d’eau d’Europe de l’Ouest apprécie les eaux claires, fraiches, de bonne qualité et bien oxygénées. Sa couleur verdâtre l’oblige à rester au fond des cours d’eau ombragés de faible profondeur, dans lesquels elle peut se dissimuler, et où elle se nourrit de débris végétaux, de poissons morts et d’invertébrés (omnivore opportuniste).
L’abondance et la distribution de l’espèce au niveau local s’explique principalement par les éléments physiques de l’habitat, et en particulier la disponibilité en abris, l’état des berges.
Ainsi, ses exigences écologiques et sa sensibilité face à un faible degré d’anthropisation des milieux riverains, classent sa présence comme un bon indicateur de la qualité des milieux aquatiques.
Une espèce menacée …
Son aire de répartition est en recul constant depuis la moitié du XXème siècle. Plusieurs causes peuvent expliquer cette diminution.
Les pressions subies par les milieux aquatiques (rejets liés à l’activité humaine, artificialisation, piétinement) ont pour conséquence la dégradation de la qualité de l’eau et des habitats, de même que la pression de pêche trop intense influe sur les populations d’écrevisses.
Cependant, l’introduction d’écrevisses exotiques envahissantes représente la cause principale de la fragilité de l’espèce. Elles exercent une concurrence directe (compétition pour les ressources alimentaires et les habitats) et transmettre des maladies létales comme l’aphanomycose (peste de l’écrevisse).
Parmi ces espèces envahissantes, l’Ecrevisse du Pacifique Pacifastacus leniusculus, présente sur le même territoire que l’écrevisse à pattes blanches, constitue l’une des principales menaces.
Pour ces raisons, l’Ecrevisse à pattes blanches est classée « en danger » par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Avec ce statut de conservation inquiétant, certains départements, comme dans le Gard, ont décidé d’interdire la pêche à l’écrevisse à pattes blanches afin de protéger les populations.

Carte des stations écrevisses (APP) connues depuis 15 ans et stations prospectées en 2025
Savoir bien différencier une écrevisse à pattes blanches de celle du Pacifique
Une prospection par observation
Ainsi, en tant que bio-indicatrice de la qualité des cours d’eau, il est important de pouvoir suivre l’évolution des effectifs d’Ecrevisse à pieds blancs sur différents secteurs du département. Ce suivi permet ensuite de mettre en place des mesures de protection si nécessaire (régulation des écrevisses invasives, protection des cours d’eau, …).
Le suivi consiste à prospecter de façon systématique le linéaire de cours d’eau, sur une section fixe d’environ 200 m. En journée, l’équipe se rend sur site pour repérer les stations et faire une description du milieu (largeur du cours d’eau, débit, habitats aquatiques, substrats, ripisylve, colmatage, etc). Ces informations permettent d’en savoir plus sur les conditions de vie des écrevisses à pattes blanches.
Une fois la nuit tombée, l’équipe parcoure à pied le linéaire, munie de lampe torche ou de frontale, tout en évitant de pénétrer dans le cours d’eau et en prenant soin de ne pas piétiner les habitats favorables. Tous les individus sont dénombrés en différenciant les adultes des jeunes en fonction de leur taille. C’est une prospection uniquement par observation en raison du caractère protégé de l’espèce.
Ces suivis sont effectués de nuit, lorsque les individus sont à la recherche de nourriture et sur la période mi-juillet et mi-août, quand le niveau d’eau est au plus bas (détectabilité maximale).
Pour éviter la transmission de pathologies entre les différents peuplements, il est nécessaire de procéder à la désinfection des matériels utilisés lors des prospections (bottes, waders).

Suivi nocturne des écrevisses à pattes blanches
Que faire suite à la découverte d’une écrevisse ?
- S’il s’agit d’une écrevisse à pattes blanches
- La photographier
- La remettre à l’eau à l’endroit où elle a été retrouvée
- Eviter de marcher dans le cours d’eau afin de ne pas perturber son milieu de vie et ses lieux de cache
- Communiquer cette découverte avec la Fédération départementale de Pêche du département ou bien avec l’Office Française pour la Biodiversité (OFB)
- S’il s’agit d’une espèce envahissante
- La photographier
- La tuer sur place
- Désinfecter tout matériel ayant été en contact avec le milieu (bottes)
- Communiquer avec la Fédération ou avec l’OFB