Il y a déjà un mois, la pêche de la truite a pris fin sur les rivières de 1ère catégorie pour toute la période hivernale. Et oui, car c’est à l’automne que va commencer la période de reproduction des truites. Cette interdiction de pêche leur permet donc plus de tranquillité sur cette période spécifique pour se reproduire.
Qu’est-ce que la fraie chez la truite?
Au cours du mois de novembre et avec les augmentation de débit d’automne, les truites arrivées à maturité sexuelle effectuent des migrations, en remontant le courant pour rejoindre les zones de frais situées généralement sur les parties amont des bassins versants, dans les petits cours d’eau et les ruisseaux.
A partir de là, la truite cherche à enfouir ses œufs pour les protéger, tout en cherchant une zone avec du courant pour qu’ils soient bien oxygénés.
La femelle va donc préparer un trou où elle va pondre ses œufs qui vont être fécondés par un ou deux mâles avant que ces derniers les recouvrir de graviers. La forme des frayères est caractéristique : une cuvette suivie d’un dôme où sont localisés les œufs qui sont parcourus par le courant continu de l’eau. Une bonne zone de fraie de truite se caractérise donc par :
- une faible profondeur: entre 15 et 40cm
- une taille de galets adaptée, pas trop gros pour être remanié, mais pas trop petit pour laisser passer suffisamment d’eau et d’oxygène : de 2 à 90mm
- une vitesse de courant qui permet d’apporter suffisamment d’oxygène sans détruire le « nid » de gravier : entre 30 et 80cm/s

Schéma théorique d’un nid (ou d’un frai) de truite de rivière
Une fois les œufs fécondés, la durée d’incubation se compte en degrés-jour, car le développement embryonnaire est dépendant de la température du cours d’eau. Les œufs auront donc besoin de 420 degrés-jour d’incubation, puis de 220 degrés-jour au stade de larve vésiculée jusqu’à la sortie de juvénile de la frayère.
Une zone de frais, ou frayère, c’est simplement le lieu de reproduction où les œufs peuvent être déposés. D’ailleurs, si vous êtes observateur, vous avez déjà peut être vu des fraies. Car un frai de truite de rivière se caractérise par une tache plus claires dans le fond de la rivière, plus ou moins facile à repérer selon la taille du substrat et du colmatage. La taille de la « tache » va également dépendre de la taille des géniteurs : d’une feuille A4 pour des truites de 25 cm et jusqu’à plusieurs m² pour des truites de plus de 60 cm.

Une étude pour cette année et les années à venir
Les suivis des frayères constituent des projets importants pour les Fédérations départementales notamment pour :
- déterminer la qualité du milieu et des habitats
- connaitre la variabilité au sein d’un bassin versant ou entre bassins versants, pour expliquer des différences de densité de truite (par exemple)
- rendre compte de l’efficacité d’actions engagées ou à engager.
Les populations de truites intègrent une partie des facteurs liés à la qualité de l’eau et à la qualité de l’habitat. Il s’agit donc d’une espèce piscicole repère et l’évolution de ses populations renseigne par extension sur l’évolution qualitative du peuplement piscicole dans sa globalité.
Une fois sur le terrain, les conditions de la portion de cours d’eau prospectée vont être étudiés :
- La végétation : continuité et densité de la ripisylve
- La topographie du cours d’eau : profondeur, largeur, vitesse du courant, faciès, granulométrie
- Les paramètres physico-chimiques de l’eau : dureté de l’eau, la température, le pH, turbidité et colmatage
- Les facteurs limitants : présence de seuils, de buses, d’embâcles (naturels ou artificiels)
Lorsqu’il n’y a pas de frais avérés mais que les conditions sont tout de même réunies (granulométrie x profondeur x vitesse de courant), la surface disponible favorable à la reproduction des truites peut être mesurée.
Après avoir parcours le bassin de la Dourbie, cette année, la Fédération de pêche se rend dans le bassin versant de l’Hérault pour y faire ses suivis de frayères à truite. Les secteurs du haut Hérault sur la commune de Valleraugue et de l’Arre sont bien connus, aussi bien par les pêcheurs que par la Fédération, pour attester la présence de la truite. Mais l’enjeu ici de déterminer l’importance des surfaces favorables à leur reproduction et d’approfondir les connaissances sur les ruisseaux affluents.

Partagez vos observations
Parce que nous sommes amenés à observer plus fréquemment des truites pendant cette période (regroupement d’individu, posté dans des eaux peu profondes) en longeant les rivières, cela ne veut pas systématiquement dire qu’elles sont en train de frayer ou sur une frayère. Pour être sûr et certain, rien de mieux que de voir ces fameuses tâches claires, qui atteste la frai d’au moins une truite.
Pour cela, la Fédération met à disposition un tableau participatif pour nous aider à recenser les lieux de reproduction actifs, sur tout le département. La Fédération organisera également une sortie sur ce sujet à St André de Valborgne.
Alors si vous aussi vous souhaitez nous aider à observation les lieux de ponte de la truite fario, remplissez ce formulaire ICI (notez bien le plus précisément possible la localisation du frai observé).