L’automne bien installé, et la saison de la truite à présent derrière nous, toute l’attention du pêcheur peut maintenant se tourner vers les eaux de seconde catégorie et les carnassiers qui s’y abritent. Si la plupart des passionnés préfère pêcher brochets, sandres, silures, blacks aux leurres ou au vif, pourquoi ne pas tenter de pêcher ces poissons à la mouche ? Une technique qui peut se révéler terriblement addictive (et efficace), et qui pourra également combler les moucheurs qui ne peuvent pas attendre le mois de mars pour se promener avec leur canne à pêche !!
Choix du fouet et matériel
La canne à mouche polyvalente pour pêcher le carnassier n’existe pas vraiment. Tout est affaire de compromis, plusieurs considérations entrent en jeu : l’espèce de poisson visé, la mouche utilisée, le type de rivière ou de plan d’eau visité… Par exemple une 9.6 pieds soie de 5 pourrait tout à fait suffire en été, pour pêcher en sèche avec des imitation d’insectes à la recherche de perches ou de black-bass !! Mais pour lancer des gros streamers d’une vingtaine de centimètres, c’est plutôt une soie de 10 qui devra être utilisée. Pour la traque de gros silures, certains n’hésitent pas à pêcher avec des soies n°12 à n°14. Mais pour un premier achat, on pourra s’orienter sur une soie de 8 à 9 couvrant de nombreuses situations, des valeurs sûres offrent de bons compromis. On pense par exemple à la Redington Predator, à la série Big Daddy chez Vision, au modèle Esox chez TFO, à l’ensemble Airflo Bluetooth Nano ou aux différents modèles développés par JMC pour cette pêche (Furious, Pulsation par exemple)…
Pour la longueur du fouet, la question est surtout de savoir si la pêche se pratiquera en embarcation ou du bord… Une canne courte sera plus maniable, surtout sur un bateau, mais pourra pénaliser le pêcheur sur la distance de lancer. Les cannes les plus utilisées font généralement entre 9 et 10 pieds (ou entre 7 et 8 pieds pour une pêche depuis une embarcation).
Un moulinet large arbor est nécessaire avec un frein suffisamment puissant pour encaisser les rushes de gros poissons. Ne pas oublier de le garnir de backing, ce qui peut être utile en cas de rencontre avec un très joli poisson.
Le choix de la soie est important : la plupart des pêcheurs disposent de plusieurs alternatives pour s’adapter aux conditions de pêche ou aux streamers. Pour la pêche en « topwater », c’est une soie flottante qui sera nécessaire. Pour une pêche hivernale ou lorsqu’il faut aller chercher les poissons en profondeur, on utilise plutôt des soies intermédiaires, plongeantes, ou des soies flottantes à tête plongeante. Il est courant d’avoir recours à des WF (pour Weight Forxard), avec un fuseau court où le poids décalé à l’avant permet de charger rapidement la canne et de lancer des mouches plutôt lourdes.
Pour le bas de ligne, la simplicité est souvent gage d’efficacité. Une simple longueur de fluorocarbone d’1.50m en 50 centièmes peut suffire pour la plupart des carnassiers. Si le spot abrite des brochets, il sera plus sage d’équipe son bas de ligne d’un diamètre de fluoro plus important, voire d’une trentaine de centimètres d’acier. Lorsque le pêcheur ciblera uniquement perches et bass en bordures par exemple, la sagesse impliquera de miser sur la discrétion de son bas de ligne, dans ce cas un 30 centièmes pourra faire l’affaire.
Les streamers et leur animation
L’imagination et l’ingéniosité des créateurs de streamers semblent infinis… On retrouve un panel impressionnant de streamers différents sur les sites spécialisés et les détaillants proposent un concentré de ce qu’il faut avoir dans sa boîte. Imitations d’insectes, petites grenouilles, petites souris et poppers sont des incontournables. Sur les imitations de poissons aussi, le choix est vaste, que ce soit sur leur taille, leur coloris, leurs matériaux…
Il faut garder en tête que c’est souvent l’animation de ces véritables leurres qui va décider les poissons à se déplacer et à passer à l’attaque. Différentes écoles existent en la matière, il convient d’adapter ses animations en fonction des conditions, du poisson recherché, et du streamer… Il faut jouer sur l’agressivité des carnassiers, et le streamer doit brasser de l’eau, avec généralement une nage souple et planante pour déclencher la réaction du poisson.
Pour de nombreux pêcheurs à la mouche, le principal plaisir consiste à monter ses proches mouches… et à leur faire prendre du poisson !! Un plaisir très addictif qui n’est pas réservé aux pêcheurs de truites. Comme pour la plupart des techniques de pêche, de nombreuses vidéos sont à visionner sur la toile pour monter ses streamers. Parmi les premières questions que l’on se pose lorsqu’on souhaite monter ses premiers streamers : de quels matériaux ai-je besoin ? Bucktail, marabout, lanières de lapin, quelques fibres synthéyiques brillantes (flashabou par exemple), hameçons à hampe longue (entre 2 et 4/0), et quelques paires d’yeux, peuvent permettre de réaliser ses premiers streams « pêchants » … Avec un peu de temps passé derrière l’étau, viendra vite le temps d’aller mettre ses propres leurres en action pour tester leur nage et leur attrait sur brochets, perches, ou autres bass…
Où pêcher le carnassier à la mouche dans le Gard ?
Pour s’exercer et effectuer ses premiers coups de fouet ou perfectionner sa technique de lancer, les plans d’eau sont souvent de bons terrains d’entrainement et le Gard se montre assez généreux en la matière. Les étangs de Vergèze par exemple disposent de bonnes populations de brochets et de bass (ainsi que des petites perches). Ne pas hésiter à faire nager ses streams sur le plan d’eau réservé à la mouche et empoissonné régulièrement en truites arc-en-ciel : des silures approchant les 1m40 y ont récemment été capturés. Une belle bagarre en perspective en cas de rencontre pour le pêcheur armé de sa canne à mouche. Le barrage de la Rouvière est également à prospecter en partie basse, à la recherche de jolis brochets. Il est possible de faire le tour de ce plan d’eau lorsqu’il n’est pas plein. Sur le lac de Sautebraut situé sur les hauteurs de Bellegarde, on pourra aussi cibler le brochet du bord.
La pêche en rivière sur les parties aval des cours d’eau est très intéressante avec cette technique de pêche. Les belles densités de poissons du Gardon doivent inciter les pêcheurs à se munir de leur fouet, par exemple dans les alentours de Ners (en amont du barrage et juste en aval, entre les 2 ponts). De Collias où on pourra se faire surprendre par un gros brochet, jusqu’à l’aval de Remoulins (à partir du village, puis en descendant), les spots sont nombreux et les poissons bien présents. Des secteurs accessibles en float peuvent aussi permettre de tirer son épingle du jeu. Sur les seuils de Comps et de Beaucaire, ce sont plutôt les silures qui seront ciblés, voire les aloses lors des remontées de ce poisson migrateur si combatif et si apprécié des pêcheurs sportifs.
La basse Cèze dispose d’excellents secteurs pour pêcher le carnassier à la mouche, en particulier non loin de la confluence avec le Rhône, dans les alentours de Chusclan. C’est ici plutôt de gros bass ou de belles perches qui attaqueront vos streamers. Des parcours où l’utilisation du float pourra se révéler efficace.
Le Vidourle reste une valeur sûre pour tout pêcheur à la recherche de carnassiers dans le Gard. Les possibilités sont nombreuses sur le fleuve qui offre de bonnes possibilités vers Vic-le-Fesq par exemple. Un peu plus bas à Sommières, perches, brochets et chevesnes sont bien présents. L’utilisation d’un petit popper à la belle saison pourrait décider les poissons peu habitués à voir passer ce genre de leurres près de leurs mâchoires… En aval de Sommières, les streamers restent tout aussi efficaces, on pourra notamment visiter la retenue d’Aubais, et essayer de se mesurer aux jolis bass non loin du pont submersible.
Les nombreux canaux présents sur notre département se prêtent également à la pêche au fouet. La aussi, les pêcheurs auront l’embarras du choix. Parmi les spots adaptés à cette pratique, on conseillera le Canal des Capettes à Vauvert : à arpenter par exemple le long de la route, avec des streamers équipés d’un système anti-herbe. Le Contre Canal du Rhône à Aramon offre lui aussi d’excellentes opportunités pour la pêche à la mouche, surtout lorsque les berges ont été tondues (penser à s’équiper d’un panier pour la soie).