goujon asiatique capturé sur la Droude

Lettre d’information aux pêcheurs sur les dangers liés au goujon asiatique

Le goujon asiatique est un petit poisson d’eau douce arrivé de Chine il y a une cinquantaine d’années. Cette espèce colonise actuellement les milieux aquatiques, et sa présence engendre de sérieux désordres écologiques : le goujon asiatique est en effet porteur sain d’une maladie qui impacte les autres espèces de poissons.

Description du goujon asiatique

Pseudorasbora parva est un petit cyprinidé au corps allongé, qui possède des nageoires dorsale et anale courtes. Le corps du poisson est gris argenté à verdâtre, son dos est sombre et ses flancs plus clairs. Une bande brune traverse ses flancs, sa taille maximale est de 11 cm, et sa durée de vie est faible (de 2 à 3 ans).

Le goujon asiatique affectionne les eaux lentiques ou stagnantes, même si on peut aussi le retrouver en eau courante. C’est un poisson opportuniste dont le spectre alimentaire est vaste et variable, même s’il se nourrit en règle générale de zooplancton et de macro-invertébrés.

C’est dans les années 1970 que Pseudorasbora parva a été signalé pour la première fois en France. Son aire de répartition originelle comprenait notamment la Chine, le Japon, et le bassin du fleuve Amour. L’espèce semble avoir été introduite accidentellement en Roumanie dans les années 60, d’où il a pu commencer à coloniser le Danube puis les bassins versants de l’ouest de l’Europe.

Les conséquences de sa présence sur nos rivières

Cette espèce dispose d’un fort potentiel reproducteur, ce qui explique en partie son développement rapide. Le goujon asiatique est porteur sain d’un parasite nommé Sphaerotchecum destruens (ou agent de la Rosette), qui se situe à la frontière entre règne animal et champignon, parasite qui peut avoir des effets dévastateurs sur d’autres espèces de poissons. Ce pathogène a par exemple infecté les populations de l’able de Heckel, une espèce Européenne endémique qui a maintenant disparu des eaux Tchèques, Autrichiennes et Allemandes après l’apparition de Pseudorasbora parva.

Des études réalisées par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont montré que la contamination d’espèces marines était possible via les estuaires. Les parasites ont été retrouvés sur des bars élevés dans une ferme aquacole en Turquie en eau saumâtre. Les conséquences économiques pourraient être importantes, notamment pour l’élevage du bar en Méditerranée, en particulier pour la Grèce, la Turquie ou certains pays du Mahreb. L’IRD a aussi montré que des espèces locales ont été infectées avec des pourcentages allant de 2 à 20%. En effet, de nouvelles espèces comme la bouvière, le vairon ou le goujon ont été identifiées pour la première fois comme hôte potentiel du pathogène.

Le questionnement se pose sur l’impact de cette maladie sur les populations de carnassiers et également de son impact sur le loisir pêche. Les conséquences écologiques restent également à surveiller : le goujon asiatique est classé nuisible à l’échelle mondiale, pour les risques de compétition avec d’autres espèces et de prédation des pontes.

goujon asiatique

Sur le Petit Rhône à Saint Gilles © AFB-AQUASCOP

Présence de l’espèce dans le département du Gard

D’après les pêches électriques effectuées par les agents techniques de la Fédération, la présence du goujon asiatique a été confirmée sur plusieurs secteurs :

  • Sur le Vistre à Saint Laurent d’Aigouze et à Milhaud ;
  • Bassin versant du Gourdon : sur la Droude à Brignon et Saint Cézaire de Gauzignan, sur l’Auzon à Rivières, sur le Gardon à Saint Chaptes, Dions et à Comps ;
  • Sur le petit Rhône à Saint-Gilles ;
  • Sur la Cèze à Chusclan et sur la Tave à Laudun ;
  • Sur le Vidourle à Sommières.

Lutte contre le goujon asiatique

Les autorités sanitaires recommandent d’isoler les populations de goujon asiatique et de contrôler les transferts de poissons entre les zones infectées et les zones non-infectées. Il est également recommandé de réaliser une communication publique sur ces risques, d’analyser la virulence des souches, et d’éradiquer les populations de goujon asiatique de manière ciblée lorsque ceci est techniquement possible.

Les pêcheurs peuvent contribuer à lutter contre la propagation de cette espèce. Par exemple en évitant d’utiliser le goujon asiatique comme vif, en ne déplaçant pas ce poisson vivant pour éviter de le disséminer sur un secteur où il n’est pas encore présent. Lorsqu’un goujon asiatique est capturé, il est ainsi demandé aux pêcheurs d’informer les services de la Fédération de pêche du Gard : la prise d’une photo et le relevé des coordonnées GPS du lieu de capture peuvent s’avérer utiles. Dans tous les cas, le poisson ne doit pas être remis à l’eau vivant.

La lutte contre la propagation de cette maladie devra inclure un maximum d’acteurs, dont les professionnels de piscicultures, les propriétaires d’étangs, les scientifiques et laboratoires de recherche compétents, les pêcheurs amateurs et la Fédération Nationale de Pêche en France.

Fiche résumé sur les impacts du Goujon Asiatique.pdf