Suivi de la température des cours d’eau du Gard

Les changements climatiques affectent les écosystèmes aquatiques, par une élévation de la température et un changement de régime hydrique. Il a ainsi été démontré que le réchauffement des eaux favorise les espèces d’eaux chaudes, et que le réchauffement climatique entraîne une remontée progressive en altitude et latitude des espèces. Ces changements peuvent également influencer les chances d’établissement des espèces invasives.

Face à ce contexte préoccupant, il est essentiel de s’intéresser à la température de nos cours d’eau et de disposer d’informations précises permettant une gestion piscicole plus efficace.

Pose d'une sonde thermique pour évaluer la température des cours d'eau gardois

Un réseau thermique mis en place par la Fédération de pêche du Gard

Dans le cadre de sa mission de gestion des milieux aquatiques, la Fédération départementale de pêche du Gard a mis en place depuis 2010 un réseau de suivi départemental. L’objectif principal est d’établir un diagnostic thermique des différents cours d’eau du territoire gardois. L’étude a cherché avant tout à évaluer les potentialités piscicoles ainsi que les conséquences biologiques potentielles sur 2 espèces repères : la truite commune et le brochet.

Le réseau thermique du Gard a ainsi suivi 46 sondes thermiques d’octobre 2016 à octobre 2017. Les sondes thermiques sont immergées dans les cours d’eau et fixées à des systèmes racinaires. Ces enregistreurs sont récupérés tous les 6 mois, afin de pouvoir récolter les données stockées par le dispositif. Une analyse est ensuite effectuée pour mesurer l’évolution des températures suivant les années.

 

Des résultats précis pour nos populations de poissons

Le rapport présente les résultats pour 14 cours d’eau répartis sur ces 6 bassins versants du Gard : Dourbie, Hérault, Gardon, Vidourle, Ardèche, Vistre. En prenant l’exemple du Gardon à Comps, voici le type de résultats présentés :

La température moyenne du Gardon à la frayère de Comps est de 16.3°C. La température a atteint au maximum 30.9°C le 5 août 2017. L’amplitude thermique sur la période étudiée est de 26.3°C. Enfin, la température des 30 jours les plus chauds est de 25.2°C à partir du 12 juin 2017.

Par étude bibliographique, il est possible d’évaluer le « préférendum thermique » de la truite et du brochet, c’est-à-dire les températures optimales pour le développement du poisson à différents stades (œufs, alevins, juvéniles, adulte), ou les températures critiques pour sa survie. Certaines espèces sont plus ou moins sensibles aux températures suivant leur cycle de développement. Pour l’exemple du brochet (présent à Comps) : la température optimale pour un brochet adulte se situe entre 10 et 24°C, et on estime la température maximale à 31°C. Pour la reproduction du brochet, les meilleures températures sont comprises entre 8 et 15°C.

brochet des eaux gardoises

En analysant les températures relevées à Comps pendant la campagne 2017, on remarque que la température entre le mois de mars et le mois de mai a été favorable au développement des larves de brochets. Concernant les juvéniles, les températures étaient mauvaises, puisque seulement 9.8% des températures étaient optimales (comprises entre 19 et 21 °C). Enfin, la température a été optimale durant 64.1% du temps pour les adultes. La température n’a jamais atteint les seuils critiques pour l’ensemble des stades.

Des données importantes pour la gestion piscicole de nos cours d’eau

L’ensemble des données collectées depuis 2015 ont notamment servi pour la réactualisation du Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles (PDPG). Ces travaux serviront également pour toutes les études de restauration sur les cours d’eau réalisés en suivant les axes du PDPG.

Transmis aux AAPPMA gardoises, ces éléments doivent également contribuer à la formalisation des Programmes de Gestion Piscicoles, et à l’ensemble des réflexions portés par les acteurs du monde de la pêche. Ces données sont aussi transmises aux différents acteurs de l’eau : EPTB (Etablisements Publics de Bassin), Syndicats de Rivière, Agence Française de la Biodiversité, zones Natura 2000.

Pose d'une sonde thermique dans les eaux du Gard

Des travaux à poursuivre

A un niveau plus global, il convient de poursuivre ces travaux sur le long terme pour voir s’il y a une différence significative des températures suivant les années de suivi. Il est par exemple difficile à ce stade de conclure que l’année 2015 a été plus chaude que les années 2016-2017.

Ces données peuvent également être croisées avec les travaux menés sur des territoires voisins, pour essayer de dégager des tendances de fonds, ou pour affiner les méthodes de calcul et les préconisations qui découlent de ces travaux.

 

Pour plus d’informations, il est possible de consulter le rapport « Réseau de suivi thermique 2017 de la Fédération de Pêche du Gard ». Le prochain rapport est en cours de finalisation, et sera publié et analysé dans les tous prochains mois.