Sécheresse 2022 : une situation exceptionnelle et très préoccupante

Un point sur la situation

Le Gard, comme de nombreux autres départements, n’est pas épargné par une importante sécheresse résultant d’un manque de précipitations et des températures estivales très élevées. C’est la première fois qu’une telle situation est observée sur notre département. Le résultat, alors que nous sommes que début août, est une tension extrême sur l’ensemble des cours d’eau Gardois, plus particulièrement sur les rivières de 1ère catégorie piscicole.

Les dernières précipitations enregistrées font état de 3 mm sur les plaines et de 10 mm sur le secteur d’Alès. L’anomalie des précipitations est de -10% des précipitations moyennes soit un déficit de +30% sur le département. Sur le secteur de la Cèze, ce déficit atteint même +40%. L’anomalie de température est de + 4.3 °c par rapport à la moyenne des températures. Depuis l’enregistrement des données, c’est la première année où l’on dépasse les 40°c plus de trois fois. Concernant l’humidité des sols, le déficit relevé est de plus de 90% dans la vallée de la Cèze vers Uzès et de plus de 50% sur le reste du département par rapport à la moyenne enregistrée sur cette saison.

Le 2 août 2022, le comité sécheresse s’est réuni pour faire un point sur la situation hydrologique du département. Après des mois de mai et juin dépassant ou approchant des records de température et affichant de forts déficits de précipitation, le mois de juillet se classe au 1er rang des mois les plus secs depuis 1959. Dans ces conditions, les tensions observées ces dernières semaines sur les ressources en eau se sont encore aggravées et s’étendent désormais sur la quasi-totalité du département.

La situation est particulièrement critique sur les secteurs Vidourle, de la Cèze, des Gardons et de l’Hérault.

Le soutien d’étiage du barrage de Sénéchas, en amont de la Cèze, non rempli en totalité au printemps, a été ajusté pour espérer assurer au mieux les besoins exprimés par les différents usagers de l’eau, mais pourrait s’arrêter avant la fin de l’été.

Les conditions climatiques annoncées pour les prochains jours par Météo-France ne sont pas de nature à attendre un allègement des tensions observées.

Une situation donc exceptionnelle et très préoccupante pour les semaines à venir. Face à celle-ci, la Préfecture du Gard à décider, lors de la réunion du comité sécheresse du 02 aout 2022, la fermeture de la pêche sur l’ensemble des cours d’eau de 1ere catégorie. Vous trouverez ci après le lien de téléchargement de l’intégralité de l’arrêté préfectoral du 03 août 2022 :

Arrêté Préfectoral du 03.08.2022.pdf

Les actions engagées par la Fédération de Pêche du Gard

Depuis plusieurs semaines, les agents de la Fédération sont mobilisés aux côtés des bénévoles des AAPPMA, pour réaliser des pêches de sauvetages. Ces interventions ont lieu sur des cours d’eau présentant des assecs importants et à fortes densités piscicoles. Les poissons capturés sont ensuite relâchés sur des sites où les niveaux le permettent tout en veillant à ne pas générer une surconcentration d’individus, pouvant être source de mortalité par la suite. Ces pêches de sauvetages sont donc également liées à des contraintes techniques mais aussi humaines (en fonction des accès) et malgré nos efforts quotidiens, nous ne pouvons intervenir malheureusement sur l’ensemble des secteurs touchés. La Fédération de Pêche du Gard se tient à disposition des AAPPMA qui doivent signaler leurs besoins pour une pêche électrique de sauvetage.

Ainsi ces interventions se déroulent principalement sur les cours d’eau de 1ère catégorie comme le Trévezel ou la Cèze à deux reprises. Les cours d’eau et plans d’eau de 2ème catégorie ne sont pas épargnés eux aussi : une pêche de sauvetage a dû être organisée il y a quelques jours sur le barrage de la Rouvière et une seconde est déjà programmée à l’heure où nous rédigeons cet article.

En parallèle les élus de la Fédération participent à de nombreuses réunions avec les services de l’Etat dans le but de défendre et protéger les milieux aquatiques. La gestion de l’eau n’est pas à charge uniquement des structures pêche mais à l’ensemble des usagers. En tant que pêcheurs nous sommes juste les témoins de l’activité humaine et des conditions climatiques actuelles sur nos territoires.

Amis pêcheurs, les bons gestes à adopter

Redoutée depuis quelques jours, la Préfecture du Gard a donc décidé la fermeture de la pêche sur l’ensemble des cours d’eau de 1ere catégorie.

Cependant nous incitons les pêcheurs à continuer de fréquenter les bords des cours d’eau, sans cannes à pêche, afin de rester vigilants. Votre présence au bord de l’eau est indispensable à la sauvegarde de nos milieux aquatiques. Celle-ci nous permet d’obtenir de nombreuses informations sur la totalité du territoire, comme par exemples l’évolution des niveaux d’eau, les mortalités, les pollutions, les actes de braconnage, informations qu’ils seraient difficiles d’avoir à grande échelle. Ne l’oublions pas, le monde de la Pêche reste un milieu associatif où chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Si vous voyez un secteur en fort déficit en eau, faites remonter vos observations à vos AAPPMA, qui demanderont par la suite des interventions de sauvetage auprès de la Fédération Départementale.

En 2nd catégorie, la tension se fait également ressentir, une grande majorité des cours d’eau  affluents  des principaux axes d’écoulements sont à secs. Sur les secteurs amonts, 100 % des affluents du Gardon et de la Cèze sont en assecs. Certains plans d’eau présentent des niveaux d’eau préoccupants comme le barrage de la Rouvière près de Quissac, sur le secteur d’Uzès comme en témoigne cette article rédigé par l’AAPPMA locale ou encore sur le lac des Moulins à Bellegarde. Là encore nous vous incitons à adapter/réduire vos sorties de pêche. Sur les secteurs présentant des niveaux d’eau corrects pour la pratique de notre passion, les températures des eaux restent toutefois très élevées avec des conséquences sur les populations piscicoles : les poissons sont affaiblis. La pratique du No-kill étant de plus en plus répandue, une bonne manipulation des poissons est primordiale à cette période. Il est donc nécessaire de :

  • Limiter la durée du combat.
  • Limiter au minimum le temps hors de l’eau pour le poisson. Le décrochage de l’hameçon peut se faire dans l’eau. Oubliez la photo souvenir.
  • Se mouiller les mains avant toutes manipulations afin de ne pas retirer de mucus aux poisons (seule barrière contre les maladies qui prolifèrent d’autant plus lorsque la température de l’eau est élevée)
  • Ne pas poser le poisson sur le sol, même mouillé, ou sur un tapis de réception.
  • Eviter de pêcher le brochet, espèce la plus sensible aux températures élevées
  • Eviter toute conservation dans un sac de conservation (carpe) ou une bourriche (y compris poissons blancs)

Dans les cours d’eau ne présentant plus d’écoulement visible de surface, nous invitons les pêcheurs à suspendre la pêche où remettre à l’eau l’ensemble des prises. Le maintien d’un maximum de géniteurs dans les trous d’eau assimilable à des oasis de vie permettra d’assurer  par les reproductions des espèces un renouvellement des générations et une recolonisation naturelle des milieux asséchés.

Des gestes à la portée de tous

Par ses fonctionnalités, l’eau est un bien commun de par la diversité de ses états, ses fonctions, ses interactions avec les différents compartiments et les services essentiels qu’elle rend aux écosystèmes et aux humains.

Dans ces périodes de crise hydrologique, chaque usager de l’eau se doit d’être économe de la ressource en eau et est responsable de son usage. Des mesures de restriction des usages de l’eau sont définies par les « arrêtés sécheresse » pris régulièrement par la Préfecture du Gard. Le respect de ces mesures est indispensable afin de préserver les ressources en eau et le maintien des débits minimums pour la sauvegarde de nos cours d’eau et de leurs populations piscicoles.

Enfin, durant la saison estivale certains construisent des barrages de galets sur nos rivières. Même si ces baigneurs ne pensent pas agir à mal, ces barrages ont un réel impact sur nos milieux. Ils ne permettent pas la circulation des espèces et contribuent au réchauffement de l’eau, dans une période déjà compliquée pour nos rivières. Optez plutôt pour les châteaux de sables et n’hésitez surtout pas à détruire ces barrages si vous en voyez,  les habitants de la rivière vous en seront reconnaissants.

 

 

 

 

 

 

 

En attendant le retour de la pluie, qui n’est malheureusement pas d’actualité, nous espérons pouvoir compter sur votre compréhension et votre civisme. De notre côté, vous pouvez compter sur une implication sans faille des agents et des élus de la Fédération de Pêche aux côtés bien sur des AAPPMA et leurs nombreux bénévoles.