Comment sont surveillées les populations d’Alose?

L’Alose feinte de Méditerranée est un poisson migrateur amphihalin anadrome, endémique du littoral méditerranéen. A l’instar des saumons, elle vit en mer et remonte les cours d’eau pour se reproduire au printemps, entre avril et Juin. Du fait de l’aménagement des cours d’eau qui empêchait ces dernières d’atteindre leurs zones de reproduction, les populations ont fortement régressé durant le XXème siècle. L’espèce est désormais considérée quasi-menacée par l’UICN et sa présence est révélatrice du bon état écologique des cours d’eau. Dans ce contexte, différentes acteurs locaux s’impliquent depuis des années dans la préservation de l’espèce, dont les Fédérations de pêche et l’association MRM.

En 2024, 4 types de suivis différents ont été menés pour évaluer l’état des populations et s’assurer de la reconquête des axes migratoires.
Vous pouvez suivre les résultats de ces différents éléments grâce à l’ Observatoire Migrateurs Rhône – Méditerranée

Le suivi de reproduction :

Protocole lancé en 1998, ce suivi nocturne consiste à recenser les bulls (comportement de reproduction de l’Alose) sur un site de reproduction connu de l’espèce et permet d’alimenter un descripteur de la reproduction. Les suivis de reproduction menés en 2024 ont permis de révéler 225 bulls sur  8 cours d’eau différents.

La pêcherie participative :

Les prises réalisées par les pêcheurs de loisir contribuent également au suivi de l’espèce. En communiquant différentes données comme le nombre de prises, le nombre d’heures consacrées à la pêche, le lieu de capture etc., il est possible de déterminer un indicateur appelé CPUE (Capture par Unité d’Effort), reflétant la capturabilité des Aloses. A noter que les conditions environnementales comme la météo ou l’hydrologie ont un impact majeur sur la pêche de l’Alose, et donc de la CPUE.

!! Bien que facultative jusqu’à l’an dernier, la déclaration des captures d’alose est obligatoire via la tenue d’un carnet de pêche, téléchargeable ici !!

L’ADN environnemental : 

Cette méthode de suivi innovante et non invasive consiste à prélever puis analyser un échantillon d’eau pour démontrer la présence d’une espèce dans le milieu. Bien que cette méthode permette de démontrer la présence d’Aloses dans un cours d’eau, elle ne permet pas de déterminer leur abondance dans le milieu. En 2024, ce sont en tout 16 stations ont été échantillonnées sur tout le territoire Méditerranéen, ainsi que 10 en Corse !

Le vidéo-comptage :

Certaines passes à poissons sont équipées d’un système vidéo capable d’enregistrer le passage des Aloses feintes dans ces dispositifs. Depuis leur lancement en 2016, des suivis de vidéo comptage ont été réalisés sur 5 cours d’eau (le Rhône x2, l’Ouvèze, l’Hérault et l’Argens) et 4 projets devraient voir le jour d’ici 2030 !

Les différents suivis réalisés en 2024 sur l’ensemble du Bassin méditerranéen ont permis de conclure que parmi les 12 cours d’eau étudiés, le Gardon, la Cèze et le Vidourle sont les cours d’eau où les populations d’Aloses sont dans le meilleur état. Au contraire de l’Ardèche, l’Hérault et L’Aude, où des efforts sont à faire pour restaurer la continuité écologique et permettre le retour des Aloses.

Résultats du suivi 2024 sur le Vidourle

Comme évoqué précédemment, le Vidourle est un site de reproduction connu pour les Aloses. La Fédération de pêche du Gard assure le suivi de trois sites clés : Saint Laurent-d’Aigouze, Villetelle et la Roque d’Aubais. Ces stations font partie d’un réseau de suivi à l’échelle du bassin, coordonné par l’association MRM.

En 2024, 24 nuits de suivis ont été réalisés sur le Vidourle entre le 12 avril et le 26 juin.
9 bulls ont pu être comptabilisés à St Laurent d’Aigouze, permettant de valider la montaison des aloses dans le Vidourle et le début de leur saison de reproduction. Le suivi s’est ensuite focalisé en amont de la passe à poissons de Villetelle, construite en 2020, où 11 bulls ont été détectés, confirmant ainsi le bon fonctionnement de l’ouvrage.

Les dernières nuits d’observation ont été consacrées au seuil de La Roque d’Aubais, limite du front de colonisation des aloses. Aucun bull n’y a été comptabilisé, toutefois, des analyses environnementales ont permis de détecter des traces d’ADN d’alose en aval du seuil, témoignant leur présence au pied de l’obstacle.

Ce suivi scientifique est complété par les données issues du programme participatif impliquant les pêcheurs à la ligne. Grâce à cette collaboration, a été calculé une capacité de capture de 2,15 aloses/h à St Laurent d’Aigouze et de 3.35 aloses/h à Villetelle, ce qui est en hausse par rapport aux années précédentes.

En effet, les conditions hydrauliques semblent avoir été favorables à la remontée des aloses dans le Vidourle, avec deux pics de crue – début mars et début mai – ayant généré des débits d’attrait propices à leur migration. La reproduction a bien été constatée sur les 2 frayères les plus actives, malgré des conditions de suivi difficile en raison des forts débits de mai. De plus, le nombre total de bulls observés est le plus élevé jamais enregistré sur le Vidourle, suggérant une amélioration de l’efficacité reproductive des aloses et soulignant l’intérêt des aménagements réalisés pour favoriser la continuité écologique !

Le suivi pour l’année 2025 a d’ores et déjà commencé. Il permettra de confirmer, ou non, les tendances positives observées en 2024.