Pêche électrique effectuée par les services techniques de la Fédération à Valleraugue

Des pêches électriques pour étudier l’évolution des populations de poissons

Un réseau de suivi piscicole annuel est mis en place depuis 2008 sur l’ensemble des bassins versants du Gard par la Fédération départementale de pêche.

Parmi les principaux objectifs, il s’agit d’évaluer l’état des peuplements piscicoles sur les différents cours d’eau, et d’estimer leur évolution dans le temps, en prenant en compte les conditions climatiques, l’apparition de plantes invasives ou de nouvelles espèces de poissons. Ces suivis permettent d’adopter les mesures de gestion des écosystèmes aquatiques les plus adaptées pour protéger les espèces piscicoles et développer la pêche de loisir. Une mise en relation est également effectuée avec le réseau de suivi thermique qui mesure l’évolution des températures des cours d’eau, élément important pouvant impacter les populations de poisson (leur densité, leur colonisation de nouveaux milieux, ou leur disparition de certains secteurs).

Ces pêches électriques s’effectuent généralement entre début juin et fin septembre de chaque année. Ce qui permet de bénéficier de conditions favorables à ces travaux avec des niveaux d’eau relativement bas, tout en prenant en compte la cohorte de l’année.

De nombreux secteurs à étudier chaque année

7 bassins versants sont étudiés chaque année : Dourbie, Hérault, Gardon, Cèze, Ardèche, Vistre et Rhône. Voici à titre d’exemple la carte représentant les stations ayant fait l’objet de pêches électriques en 2019.

 

Carte des répartitions des différentes stations pêchées dans le Gard en 2019

Des pêches électriques ont déjà été réalisées au cours de ce mois de juin 2020, sur le Gardon à Tornac près d’Anduze, sur l’Alzon à Saint Maximin, sur l’Auzon à Rivières, sur le Rieutord à Sumène, sur la Dourbie à la Borie du Pont, sur le Gardon à Saint Jean du Gard.

Les résultats de ces pêches restent à analyser plus finement, mais il semble toutefois à première vue que l’année 2019 ait pu avoir un impact significatif sur les populations de poissons. Une diminution de la densité de truites a ainsi été constatée sur la Dourbie à la Borie du Pont, sachant que la pêche a été effectuée une semaine après un important coup d’eau (on passe en effet de 166 truites fario en 2014, à 120 en 2019 et 55 en 2020). Sur le secteur investigué du Gardon de Saint Jean en tout début de seconde catégorie, une bonne diversité d’espèce a pu être comptabilisée (3 jolies anguilles, de la loche franche, du goujon, du vairon, du blageon, du barbeau fluviatile, du spirlin, du chevesne et quelques espèces exotiques envahissantes comme la perche soleil et l’écrevisse de Louisiane), mais l’absence de truites fario et de toxostome sur ce parcours a aussi été constatée.

Durant cet été 2020, d’autres secteurs resteront à investiguer : le Gardon à Remoulins, le Gardon à Saint Hilaire de Brethmas, la Droude à Brignon, le Vistre à Milhaud et à Caissargues.

Des pêches seront également effectuées en août sur deux jours pour suivre les populations de barbeau méridional avec le site Natura 2000 du Gardon de Mialet et de Saint Jean du Gard, ainsi qu’avec le Syndicat des Hautes Vallées Cévenoles.

Exemples de résultats de suivis de pêche pour l’année 2019

L’ensemble des résultats peuvent se consulter sur le document à télécharger sur cette page du site de la Fédération : réseau de suivi piscicole 2019. Sur les 13 stations étudiées l’année dernière, certains inventaires laissent apparaître des peuplements piscicoles assez perturbés, plus précisément sur les populations de truites dans le département. Les fortes chaleurs de l’été 2019 semblent avoir fragilisé les populations de truites fario adultes. Pour autant, l’optimisme reste de rigueur puisque la reproduction de l’hiver 2018-2019 avait été assez productive sur l’ensemble des stations de suivi du réseau fédéral avec des cohortes de truitelles en nombre intéressant. Les suivis de ces prochaines années seront importants pour suivre ces évolutions.

Certains résultats de pêches électriques effectuées en seconde catégorie méritent également notre attention. Par exemple sur le Vistre à Milhaud, où 18 espèces ont pu être inventoriées en 2019, avec notamment de grandes diversités de tailles pour l’anguille et le barbeau fluviatile, de belles densités d’ablettes, de goujons et de chevaines. La comparaison avec des pêches réalisées en 2010, 2012 et 2013 montrent que les opérations de restauration effectués sur le Vistre en 2016 semblent avoir porté leurs fruits et sont bénéfiques pour les populations de poissons.

Le même type de rapport annuel sera formalisé en fin d’année 2020, permettant d’avoir une vision assez précise du peuplement piscicole sur une bonne partie du réseau hydrographique gardois. Les principaux résultats des pêches effectuées en 2020 seront présentés aux pêcheurs sur le site de la Fédération.

Des travaux à venir sur le PKD

La Proliferative Kidney Disease, ou PKD, est une maladie infectieuse provoquée par un parasite qui touche les salmonidés, en particulier la truite fario. Les poissons infectés peuvent développer une hypertrophie des reins et d’autres organes filtrants (comme le foie ou la rate), ce qui peut compresser les autres organes et être fatal au poisson infecté. Ce sont principalement les truitelles de l’année qui peuvent être impactées par le PKD, aux périodes les plus chaudes de l’année.

De nombreux cours d’eau sont touchés en France, cette maladie a aussi été détectée dans le Gard, sur la Cèze à Ponteils-et-Brésis et à Saint-André-de-Valborgne sur le Gardon de Saint-Jean. Pour l’instant le PKD ne semble pas causer de gros impacts sur les populations dans le département, seuls de très faibles taux de contamination ayant été constatés. Il convient toutefois de rester vigilant, pour vérifier si le réchauffement climatique contribuera (ou pas) à sa prolifération (cette infection ayant besoin d’une eau à plus de 15 degrés pendant au minimum 15 jours ainsi que d’un enrichissement trophique (dysfonctionnement des stations d’épuration…) pour proliférer). C’est pourquoi des pêches électriques pour suivre l’évolution de cette maladie seront effectuées en septembre 2020 sur les bassins versants de la Dourbie, de l’Hérault et du Vidourle.